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: Portraits-robots de trophées.
A la place des animaux empaillés, elle a placé des bustes de robots (lion, rhinocéros, antilope, etc.) munis d’un capteur infrarouge. Chacun est programmé pour réagir à sa façon à l’activité de l’environnement extérieur. Seuls, sans présence humaine, les trophées sont inactifs, les animaux sont immobiles, les yeux éteints. Lorsque quelqu’un s’approche, ils se mettent à s’agiter, leurs yeux s’allument (en rouge, orange ou vert), leurs bouches s’ouvrent pour émettre toutes sortes de sons et de grognements. Plus le spectateur se rapproche, plus ils deviennent agressifs. « Il s’agit d’exprimer leur mécontentement d’avoir été chassés, traqués, tués, dépecés et exposés en icônes décoratives », raconte l’artiste française sur son site.
Dans une présentation très détaillée du projet, elle explique « consentir à dire que l’utilisation d’animaux dans la recherche médicale devrait obéir au principe d’utilité tout comme je condamne la zootechnie et l’élevage intensif. (...) La chasse n’y échappe pas, et bien que dénuée de tout principe d’efficacité et de rentabilité, on ne peut la légitimer par aucun principe d’utilité. Je conteste plutôt la souffrance et la cruauté à l’égard des animaux et remets en cause le principe de droit de vie ou de mort sur l’animal. » Elle cite Derrida selon qui il est urgent de « s’élever contre la façon dont les animaux sont traités : dans l’élevage industriel, dans l’abattage, dans la consommation, dans l’expérimentation », car « cette violence industrielle, scientifique, technique ne saurait être encore trop longtemps supportée ». Mais, en remplaçant les animaux par des robots, elle souhaite ouvrir la problématique sur la place des robots aujourd’hui et demain dans notre société, leur valeur (« peut-on tuer des robots ? ») et leurs droits : « y a-t-il différentes espèce de robots ? Combien ? Des espèces rares ? En voie de disparition ? Comment sont-elles regroupées ? Sont-elles le témoin d’un monde futur où les robots androïdes seraient en voie de disparition ? Ou au contraire qui auraient supplanté les vrais animaux telle la célèbre vision de Philip K. Dick ? Aurons-nous bientôt besoin d’une Susan Calvin, la célèbre robopsychologue des romans d’Isaac Asimov ? A noter que la clinique du AIBO (le robot chien de Sony) existe déjà ... ! »
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